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Questions d'éthiques et de déontologie

Dans le cadre du cours de Questions d'éthique et de déontologie, il nous a été demandé d'analyser un enjeu éthique vécu en stage ou lors d'une expérience professionnelle. 

 

Ce travail a été réalisé avec Isabel ACOSTA et Pauline DE DECKER. 

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Dans le respect de la déontologie, aucun prénom, établissement ou détails permettant d'identifier les personnes dont il est question dans la situation suivante ne sera évoqué.

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Description de la situation

Dans le cadre de ce cours, nous avons décidé de discuter d’un conflit entre des parents divorcés sur l'orientation ou l'éducation scolaire de leur enfant de 8 ans, présentant des troubles du comportement sévères.

Le père veut retirer son fils de l'enseignement spécialisé pour l'inscrire en 3ème primaire tandis que la mère veut le laisser dans le spécialisé. L’enfant ne présente pas les capacités intellectuelles et comportementales pour être en troisième primaire. Le mettre dans une classe d’enseignement ordinaire ayant un niveau équivalent à ses capacités (1ère primaire) le mettrait en situation d’échec et de dévalorisation de soi.

Les parents ont donc des visions très différentes du chemin que doit effectuer leur enfant, il est ainsi difficile d'avoir l'accord des deux parents.

Questionnement éthique

 En tant qu'orthopédagogue, comment se situer lorsqu'on est face à deux parents qui ne sont pas d'accord quant à la prise en charge de leur enfant ?

Nous sommes bien dans un dilemme éthique, car l’orthopédagogue doit choisir entre deux positions délicates : celle de la mère ou celle du père. S'il choisit une orientation, il exclut l’autre et inversement.

Ainsi, dans cette même situation, il y a plusieurs points de vue légitimes, mais qui sont en tension : celui du père, de la mère, de l’institutrice, du bénéficiaire et de l'orthopédagogue. La réponse n’est dès lors pas évidente et va nécessiter un processus de réflexion éthique.

Informations par rapport aux faits particuliers invoqués 

 Pour rappel, cet enfant de 8 ans présente des troubles du comportement sévères et un niveau scolaire de première primaire. 
L’enfant subit un apprentissage de la part de son père afin de le remettre à niveau. Cependant, cet apprentissage est purement théorique et non-porteur de sens. L’enfant retient, mais ne comprend pas. 
Son enseignante ne semble pas non plus favorable à sa réorientation dans l’enseignement ordinaire.

Discussion et argumentation par rapport à des concepts vus au cours 

Selon nous, en s’appuyant sur les concepts vus au cours, nous pensons être dans un dilemme éthique conséquentialiste. Autrement dit, cette éthique représente les conséquences de nos actes et non nos intentions. L’action est morale si, et seulement si, elle engendre les meilleures conséquences, si elle engendre le bien. Une évaluation de la conséquence de l’action nous indiquera sa moralité. Si, au travers de la conséquence, on promeut le bien, alors l’action est morale.
Le principal objectif moral est de maximiser le bien-être de l’ensemble des personnes concernées (personnes qui pourraient être affectées par mon/mes acte(s)).
L’éthique du Care semble elle aussi intervenir dans cette situation. En effet, le care c’est « une oscillation entre la disposition et une attention à l’autre qui se développe dans la conscience d’une responsabilité à son égard, d’un souci de bien-être – et l’activité – l’ensemble des tâches individuelles et collectives visant à favoriser ce bien-être ». La mère, dans la volonté de l’inscrire dans une école spécialisée, serait dans cette posture. 


De plus, chacune des 4 phases du care de Joan Tronto est sollicitée dans notre dilemme éthique.

  1. Se soucier : plusieurs besoins sont constatés dans notre situation que ce soit pour les parents ou pour l’enfant (besoin de comprendre, besoin d’acceptation, besoin d’être entendu, besoin d’épanouissement scolaire et personnel…). C’est face à ces différents besoins que nous réfléchirons à des solutions, à des réponses pertinentes et adéquates.

  2. Prendre en charge : en tant qu’orthopédagogue, il est de notre rôle d’agir face à ces besoins identifiés, et plus particulièrement face à ceux de l’enfant.

  3. Prendre soin : apport de plusieurs solutions pour favoriser le bien-être de l’enfant.

  4. Recevoir le soin : l’enfant bénéficie des bienfaits des décisions prises.

Résolutions - normes et valeurs en conflit - courants éthiques pertinents 

Dans ce cas-ci nous voyons que les normes et les valeurs tournant autour du bien-être de l’enfant sont différentes pour le père et pour la mère. Les parents ont des visions contradictoires sur ce qui est le mieux pour leur fils. 


Il existe donc trois résolutions qui pourraient être mises en place.

1. Inscrire l’enfant dans l’enseignement ordinaire

 

Cela irait dans le sens de la volonté du père. Selon nous, dans cette optique-là, le père se situe dans l’éthique conséquentialiste, car il pense savoir ce qui est le mieux pour lui : « en étant dans l’enseignement ordinaire mon fils sera plus heureux et plus épanoui ». 

Le père n’aurait pas fait le deuil de son « fils idéal » et n’arriverait pas à accepter le trouble de son enfant. Il réfléchit donc à la meilleure manière de promouvoir le bien-être de son fils : l’inscrire dans l’enseignement ordinaire. À ses yeux, cela aura la meilleure conséquence sur le long terme (meilleure inclusion dans la société, meilleur travail plus tard, etc.).
Il n’est donc pas dans l’écoute de son fils, de son ex-femme et du personnel éducatif. Il n’est donc pas dans la compréhension des aménagements spécifiques dont aurait besoin son fils.

2. Laisser l’enfant dans l’enseignement spécialisé 

Cela irait dans le sens de la volonté de la mère. La mère est dans la position de l’éthique du care : en se souciant, en faisant attention à la prise en charge adéquate, en prenant soin et en faisant attention à la réception du soin.
La mère sait qu’une réorientation dans une classe d’enseignement ordinaire ayant un niveau équivalent à ses capacités (1ère primaire) mettrait son enfant dans une situation d’échec et de dévalorisation de soi. Cette réorientation entraverait son estime de lui-même et sa confiance en lui. 
La réorientation engendrerait très certainement un impact négatif quant à la sociabilité de l’enfant. Celui-ci présentant des troubles du comportement, son intégration dans une classe ordinaire serait laborieuse et difficile. Il serait sans doute plus jugé à cause de son trouble dans un enseignement ordinaire, plutôt que dans un enseignement spécialisé, entouré d’enfants présentant également des difficultés.
De plus, dans l’enseignement ordinaire, le manque de formation des instituteurs - institutrices sur les différents troubles (ex : troubles d’apprentissage, troubles du comportement, …) ne permettrait sans doute pas à l’enfant de bénéficier d’une prise en charge adaptée au mieux à ses difficultés. En effet, cet enfant demande beaucoup d’attention au quotidien, ce qui ne serait pas possible dans une classe d’une vingtaine d’élèves dans l’enseignement ordinaire. Ses besoins ne seraient donc pas entièrement ou pas correctement satisfaits.
Ainsi, la mère se focalise sur la phase 2 du care, car elle essaye de trouver une prise en charge la plus adéquate possible pour son fils. L’enseignement spécialisé semblerait être l’option la plus appropriée, car son enfant y serait le plus épanoui et heureux.  

3. École ordinaire en intégration (1 ou 2 fois par semaine)
 

Cette résolution serait le consensus entre l’avis des deux parents. Elle serait également dans une perspective d’éthique conséquentialiste. Nous voulons garder la bonne entente entre les parents sans exclure un point de vue au profit de l’autre. On anticipe un énervement ou un sentiment d’exclusion et donc on choisit la conséquence qui inclut le bien-être d’un maximum d’acteurs. Cependant, l’avis de l’enfant ne semble pas pris en compte.

Solutions

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De notre point de vue, aucune des différentes éthiques intervenant dans cette situation ne semblent plus importante que les autres. En effet, l’éthique conséquentialiste a pour but d’engendrer de meilleures conséquences, d’engendrer le bien. Ces conséquences seront ensuite évaluées quant à leur moralité afin de s’assurer qu’elles maximisent le bien-être de l’enfant. L’éthique du Care va alors rejoindre cette idée de par son aspect relationnel. C’est donc en adoptant des attitudes mélangeant les objectifs de ces deux éthiques que nous parviendrons à favoriser l’épanouissement scolaire et personnel de l’enfant à travers nos attitudes et les solutions que nous proposons.
De plus, bien que les avis des parents soient importants et que nous devions en tenir compte, il est tout de même essentiel d’accorder une voix prioritaire à l’enfant en lui permettant de s’exprimer lui aussi sur ce qu’il désire. 
Toutefois, selon les informations dont nous disposons, la solution la plus favorable est de laisser l’enfant dans l’enseignement spécialisé. 
L’intégration reste tout de même une solution envisageable, mais elle devrait être testée au préalable afin de vérifier si cet environnement scolaire ordinaire peut convenir et plaît à l’enfant. La condition est la suivante : l’accord de l’enfant.
En plus de cela, nous pourrions, en tant qu’orthopédagogue, proposer une

« formation » sur le trouble ainsi qu’une sensibilisation à celui-ci au père, afin d’exprimer ce qui est le mieux pour l’enfant selon ses besoins, ses capacités et ses difficultés. Une intégration du père dans la vie quotidienne de son fils au sein de son école spécialisée pourrait également lui être proposée. Cela lui permettrait de l’aider à accepter le trouble et les difficultés de son enfant.

Bibliographie

NAFTALI, P. (2020-2021). Cours de Questions d'éthique et de déontologique. Belgique (Bruxelles).

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